Pour la Biennale Agora créée par Alain Juppé afin de réflèchir sur la transformation urbanistique de Bordeaux, j’ai été invitée à revisiter des lieux étranges, inconnus et marqués par l’histoire controversée de la ville.
C’est ainsi que je suis descendue (en rappel) le long des formes circulaires de la cuve de fioul proche de la base sous marine abandonneée à la fin de la guerre par les allemands. Ce fut aussi l’occasion de revenir sur les traces de mon enfance en pénétrant dans la Halle Debat-Ponsan où les animaux attendaient la mort !
Pour cela, j’ai affronté des souvenirs sombres et violents afin, par mes interventions, de les exorciser… Le sol de l’abattoir est sablé de rouge-sang tandis que la Halle Soferti classée Seveso affiche des traces jaunes inquiétantes sur son sol.
À l’exemple du Palais de Chaillot et de ses transformations dans les années 2000, le patrimoine maritime de Bordeaux offre un champ expérimental exceptionnel à l’artiste pour créer des images nouvelles et singulières, ciblant son identité, dans « l’entre deux » de son devenir.
Interroger le patrimoine industriel dont le devenir est incertain. C’est en ces termes que la question fut posée à Anne Garde, photographe, qui a sublimé lors d’Agora 2012 des halles aussi magiques que celles des anciens abattoirs du quai de Paludate, de l’usine d’engrais de Soferti en rive droite, des dépôts des Tramways et omnibus de Bordeaux de Lescure, encore en activité.
Sylvain Schoonbaert, architecte-historien I Visitez : agorabordeaux.fr