J’ai beaucoup oeuvré pour photographier ce qu’il restait de la forteresse ouvrière des Usines Renault à l’Île Seguin. Il semble que nous étions seulement 6 photographes autorisés à pénétrer dans le coeur des luttes sociales qui ont vu passer bien des acteurs de la politique française… Je me suis appliquée à restituer par la photographie le puissant vaisseau au large de Paris qui avait vu sortir de son ventre enflammé la populaire 4cv qui symbolisait la liberté retrouvée des travailleurs dans les années 1950. Par la suite, l’Usine devriendra le bastion du syndicalisme pendant les événements de mai 1968. La production industrielle s’arrête le 31 mars 1992.
Comme l’affirmera l’architecte Jean Nouvel, « le vaisseau de pierre de l’Île Seguin est aussi noble qu’un château ou un ouvrage militaire, aussi beau que le krak des chevaliers. C’est le krak des ouvriers ! »
« Anne Garde s’est approprié pendant quelques jours ce territoire en décomposition qui ne pouvait que combler son regard photographique si particulier… en transformant en palais, grâce à la lumière de l’hiver, ces friches gigantesques en sursis » dit Laure Vernière dans le n° 532 de Maison Française en 2004.
« L’industrie n’a pas tué la poésie, elle lui ouvre un nouveau monde » Achille Kaufmann in « La poésie de l’industrie »
*Les fresques de la Centrale sont de 1977, lors de la remise en peinture de la salle des turbo alternateurs. C’est l’oeuvre du chef d’atelier Guy Boularand et de son équipe dont Jean Boursin.