Bunker Atlantique

Bunker Atlantique

Installation
1992-1995

En 1945, le philosophe Paul Virilio, dès la Libération, s’empresse de courir le long du mur de l’ Atlantique pour répertorier les bunkers construits par les Allemands pendant la guerre, et puis cette anecdote, pour découvrir les plages qui avaient été interdites et qu’il n’avait jamais vues…
Bunker Archéologie publié en 1967, réédité en 2008 chez Galilée est la seule somme sur les « forteresses du dérisoire », beau titre que l’on doit à Jean Claude Gautrand, photographe passionné par ces vestiges de béton. Lorsqu’il était parisien, Paul Virilio intéressé par mon travail sur les bunkers et par la Base sous marine passait parfois prendre un café à l’atelier et c’était un vrai bonheur de converser avec cet homme différent, original et savant. Par la suite, il écrira un texte sur mes photos-montage de la Carrière de Marcamp.
Bien plus tard, à la fin des années 80, quand je commence les installations de pigments de couleur sur les bétons de la Base sous marine de Bordeaux, j’élargis la scène en choisissant un site où ces mégalhites modernes gisent encore sur les plages au nord de Bayonne. En les taguant d’un bleu de ceruleum qu’accompagnent les ciels océaniques de tempête en hiver, ces formes issues du Bauhaus, deviennent des sculptures dérisoires, témoignant pour peu de temps, car elles seront emportées par la mer, de la folie des hommes…

« Je n’ai rien oublié des séquences de cette invention au cours d’un été où la paix retrouvée et l’interdiction levée réalisaient pour moi un seul et même événement. Les barrières enlevées, chacun était désormais libre d’aborder au continent liquide ; les occupants s’en étaient retournés dans leur hinterland natal, abandonnant, avec leur chantier, leurs outils et leurs armes ». Paul Virilio

*Exposition Architectures en Uniforme de Jean Louis Cohen à la Cité de l’Architecture, CCA Montréal, Maxxi Rome

Retour