En 1990, le Délégation Générale aux Armements m’envoit à Cherbourg photographier les ateliers géants où se construisent et s’assemblent les sous marins nucléaires. Je réalise des portraits de ces jeunes et beaux ouvriers aux visages adolescents et aux regards profonds.
Je choisis les projecteurs servant à éclairer des travaux très précis pour les mettre en scène en regard des formes impressionnantes du sous marin d’où sortent des tuyaux reliant un autre atelier. J’apprends par la suite que ces objets passent par ces tuyaux pour ne pas être identifiès par les ouvriers de l’autre côté. Secret Défense.
« En un cillement, l’obturateur arrache à l’obscurité de la chambre le rai de lumière qui imprimera son souvenir dans la gélatine. C’est ainsi qu’Anne Garde, en installant ses appareils dans le chantier, fait remonter à la surface –à la lumière- l’histoire de ces héros quotidiens qui, dans l’ombre, forgent le feu divin le plus terrifiant que l’homme ait jamais connu. Un déluge d’épouvante, créé pour ne jamais servir.(…) L’art d’Anne Garde est à l’image de son nom. Semblable à la protection des autres assurée du haut du chemin de ronde, aux instants les plus vulnérables, quand les humains s’abandonnent à eux mêmes. »
Ainsi parle Patrick Lamarque dans le catalogue publié par la DGA/DNC.
Cet ensemble a été exposé pendant le Mois de la Photo à Paris.